Parmi plus de 35 000 communes en France, 541 n’ont toujours aucun accès à Internet alors qu’il s’agit aujourd’hui d’une nécessité. Le gouvernement s’est donc fixé comme objectif « d’en finir avec ces zones blanches » en annonçant l'accès pour tous au haut débit et très haut débit d'ici 2022. Les choses semblent avancer dans ce sens avec le « new deal mobile » conclu entre l’État et l’ARCEP pour accélérer la couverture mobile des territoires ou encore le compromis entre SFR et Orange sur le développement de la fibre dans les zones moins denses.
Arnaud Bousquet propose de faire un point sur cette fracture numérique dans l’émission de radio du 31 juillet Le téléphone sonne sur France Inter. Pour répondre à la question Internet, téléphonie mobile : à quand la fin des zones blanches ? il reçoit Martine Lombard membre du collège de l’ARCEP, Michel Combot, Directeur Général de la Fédération Française des Télécoms et Sébastien Dufromentel, secrétaire de la Fédération FDN.
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La notion de zone blanche concernait uniquement la téléphonie mobile et ne représente actuellement plus que 1 % du territoire. Aujourd’hui, elle comprend également l’accès à Internet. Pour permettre à tous d’accéder à cette technologie, plus de 20 milliards d’euros vont être investi dans le plan France Très Haut Débit.
En attendant un bon haut débit pour 2022, comment vivre avec cette fracture numérique et en venir à bout ?Car pour la majorité des gens situées dans ces zones denses, ce n’est pas un choix de ne pas utiliser Internet c’est une impossibilité technique. Les témoignages de différents auditeurs du Lot, de l’Hérault ou encore du Loire-et-Cher sont assez effarants. Certains doivent faire plusieurs kilomètres pour avoir une connexion Internet ou payent un abonnement mensuel mais n’arrivent à se connecter qu’une fois par semaine. D’autres, un peu plus chanceux, disposent d’une connexion ADSL mais très basse et doivent donc investir dans des équipements supplémentaires avec un débit très irrégulier. Les élus interpellent aussi les opérateurs pour améliorer cette connectivité où que l’on aille, que l’on travaille, que l’on habite. Cependant, il existe d’autres moyens pour se connecter comme la 4G, la 5G ou des ponts radios. Ces technologies de transitions sont déployées par les opérateurs en attendant la fibre optique.
Si au début des années 2000, la France n’avait pas de retard pour le déploiement de l’ADSL on ne peut pas en dire autant pour le très haut débit. Une des raisons est que les grands opérateurs ont fibré en priorité leurs infrastructures au dépend du FTTH (fibre jusqu’au domicile de l’abonné). L’exigence réglementaire est un autre de ces facteurs. Cependant, la France reste globalement en avance en matière de fibre optique en Europe grâce à ses investissements depuis une dizaine d’années.
Des questions techniques se posent pour le fibrage intégral de la population. En France, 40 % des foyers n’ont pas d’adresse ou de numéro alors qu’un plan de numérotation des habitations est nécessaire pour chaque commune. Ce plan permet d’accélérer le fibrage et de limiter le risque d’erreurs lors de la connexion en fibre optique.
Pour autant, les zones blanches ne se limitent pas au milieu rural. Se connecter à Internet reste difficile voir impossible dans les transports en commun ou les réseaux ferrés. L’équipement et la couverture des axes de transports est un point important de l’accord de janvier entre le gouvernement et les opérateurs. Un des objectifs fixés est de couvrir 90 % du réseau ferré régional en 4G d’ici 2025.
Ce qui pose la question de l’établissement des priorités d’équipement. Pourquoi choisit-on d’équiper une ville ayant déjà la 4G en fibre optique plutôt qu’une ville où il n’y a pas d’accès à Internet ? Ce sont les collectivités territoriales qui sont censées définir les priorités. Mais la plupart des collectivités, via les Réseaux d’Initiatives Publiques, laissent l’opérateur commercial décider des zones à équiper. Le développement économique des régions passent désormais par l’aménagement du territoire en infrastructures numériques pour pouvoir travailler et développer son commerce.
Ce « new deal numérique » est un engagement important du gouvernement. L’État fait des efforts et renonce ainsi aux enchères financières d’attributions de fréquence, soit environ 3 milliards d’euros. Mais en contre-partie les opérateurs s’engagent à investir ces sommes, voir plus, dans l’amélioration du réseau mobile avec des engagements généraux : transformer tous les sites 3G en 4G, couvrir 55 000 km de réseau routiers d’ici fin 2020, créer 5 000 sites chacun avec une mutualisation pour remédier fondamentalement à la disparité mobile.
Un auditeur des Deux-Sèvres soulève la question de la vétusté du réseau. En zone rurale, la plupart des abonnés ont accès à Internet grâce à l’ADSL via le réseau téléphonique installé il y a plus de de 40 ans. Cependant, l’utilisation de ce réseau a ses limites puisque le débit diminue avec la distance. La fibre optique est particulièrement adaptée à ces zones puisque le débit reste le même quelle que soit la distance. Le choix de cette technologie est donc justifié mais faut-il encore trouver les investissements pour la déployer. Il est également nécessaire que les opérateurs qui posent la fibre ne la gardent pas pour leurs seuls bénéfices. En effet, cela entraînerait le verrouillage du marché pour les petits FAI et seuls les gros opérateurs pourraient opérer.
La suppression de ces zones blanches peut poser problème aux personnes dites électro-hypersensibles puisque se sont actuellement des zones de refuge. Mais comment faire face à ces volontés contradictoires car si certaines personnes refusent Internet par principe ou à cause de leur santé, il s’agit d’un enjeu très fort notamment contre la désertification rurale des plus jeunes.
La fracture numérique est aussi transposable en Outre-mer. Par exemple, en Guyane moins de 7 % du territoire est couvert en 4G. Seules les zones littorales disposent d’une bonne couverture, le reste du département n’a aucun accès 4G mais ces zones ont une densité humaine faible. Des efforts d’investissement ont été fait par les collectivités et les opérateurs en Outre-mer mais il en reste encore à faire notamment pour la Guyane.
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Source : France Inter