Les épisodes de chaleur ne sont pas pris à la légère par les opérateurs de datacenters. En France, « nous sommes passés de 40 degrés à 46 degrés en quelques années. Nous avons rejoint les spécifications de l’Espagne » dit Marie Chabanon, directrice technique de DATA4 groupe.
Afin de contrer tout coup de chaud, la résistance des datacenters aux températures a augmenté « La grande crainte, c’est l’effet domino […] Si tout ou partie de l’infrastructure de froid a des problèmes, cela joue sur le reste de l’équipement. Et si le groupe froid s’arrête, c’est le pire qui puisse nous arriver avec la panne complète d’électricité » ajoute le Directeur Général d’Interxion, Fabrice Coquio. Un risque également lié à la qualité de la distribution électrique de RTE ou Enedis. « Nous devons anticiper un risque de perte électrique ou d’incident électrique » explique Marie Chabanon.
Mais les opérateurs de datacenters ont une botte secrète pour lutter contre cet effet domino. « Les systèmes électriques des datacenters sont construits pour être opérationnels a 100 % de la charge. Or ce n’est jamais le cas. La conséquence, c’est qu’en cas de sollicitation, comme un besoin de froid plus fort, nous avons de la puissance non allouée que nous pouvons utiliser » explique Fabien Gautier, d'Equinix. On appelle cela la redondance de capacité.
D’autant plus que la densification de puissance de calcul par unité d’espace ces dernières années, avec la démocratisation de la virtualisation, provoque plus de consommation et plus de chaleur. « Avec des baies de 14 ou 15 kvA on occasionne des points chauds, plus sensibles à des périodes de canicule » détaille Fabien Gautier. Le travail d’urbanisation de l’architecture IT déployée dans les salles est donc essentiel. « Notre travail c’est donc l’urbanisation des salles. Si elles ont été remplies à la volée, ça peut poser problème » ajoute-t-il.
Cela passe entre autres par de la répartition de charge. « Nos datacenters sont désignés avec des redondances et un taux de charge de 50 %. Les machines de backup seront utilisées pour assurer de la puissance complémentaire » en cas de canicule indique Marie Chabanon. Il faut néanmoins l’anticiper. « Nous devons nous assurer que les systèmes de backup sont prêts a être opérationnels, et ce par des actions de maintenance et de contrôle sur les équipements de sauvegarde ».
La protection des datacenters contre la chaleur passe aussi par la mise en place de systèmes curatifs. « Nous avons installé des systèmes de projection d’eau pour arroser les équipements de toit avec de l’eau pas trop froide » précise Fabrice Coquio.
Et pour parer à toute éventualité en début de soirée, le planning des techniciens présents sur le site a été modifié. Il est également nécessaire de prévenir les clients afin qu’ils fassent attention.
Les progrès récents en matière de résistance des matériels informatiques et de conception des datacenters permettent de revoir à la hausse les températures dans les salles de stockage des serveurs. « L’idée, c’est que plus le PUE (Power Usage Effectiveness) est bas plus il est performant. Il y a dix ans on faisait des datacenters où l’on arrivait difficilement à un PUE de 1,6. Aujourd’hui on est à 1,2 et on se rapproche de 1. Cela représente 20 % de gains en jouant sur la température et la performance énergétique des nouveaux équipements » indique Marie Chabanon. Résultat : le système de refroidissement se concentre désormais sur les machines avec de l’air pulsé. Il n’y a plus besoin de réfrigérer des salles entières.
« Nous constatons une évolution du design sur la température en salle selon les préconisations de l'Ashrae (American Society of Heating and Ventilating Engineers). L’idée est de bien fonctionner avec des plages de températures bien plus haute. Nous sommes passés de plages de 20 à 22 degrés à 18 à 27 degrés » complète-t-elle. Depuis 2011, ces normes ont été relevées : elles recommandent de souffler en face avant à 26 degrés sur les équipements en salle. « Le niveau d’hygrométrie a aussi été modifié […] En 2008, il était entre 40 et 60 %. Il est désormais à 70 % » précise Fabrice Coquio.
De quoi limiter les dépenses côté refroidissement sans pour autant jouer sur la résistance des installations. Un point critique en période de canicule.
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Source : ZDNet