5G : plus d’antennes pour couvrir l'Hexagone
Publiée le 4 février, une étude du cabinet Tactis montre que dans les zones péri-urbaines, il faudra environ 30 % de sites supplémentaires pour offrir un niveau de service 5G équivalent à celui de la 4G. Notamment dans les territoires ruraux, où deux fois plus de sites seront nécessaires pour disposer d’une couverture équivalente, et jusqu’à trois fois plus pour délivrer un service haut débit.
Pour arriver à ces estimations, les experts de Tactis ont simulé la couverture 4G dans plusieurs zones péri-urbaines et rurales à partir des sites d’antennes mobiles existants. Ils ont ensuite simulé ce que serait la couverture 5G en se basant sur ces mêmes sites. Dans ses projections, Tactis n’utilise que la bande de fréquences 3,5 GHz. Mais le constat est sans appel : la couverture est à chaque fois bien moindre en 5G qu’en 4G.
Pourquoi de telles différences ? Parce que les fréquences utilisées pour fournir la 5G ne seront pas les mêmes que pour la 4G, et elles n’ont pas les mêmes caractéristiques. « Les déploiements 4G actuels utilisent notamment des fréquences basses, qui portent loin, tandis que les fréquences hautes qui seront utilisées pour les déploiements 5G, dans la bande des 3,5 GHz, offrent beaucoup de débit mais portent bien moins loin », explique Julien Renard, expert radio chez Tactis. Toutefois, les simulations de Tactis ne comprennent pas la bande de fréquences 700 MHz alors que ces fréquences sont basses et permettent de couvrir beaucoup mieux les territoires. Pour expliquer ce choix, Julien Renard précise que la bande des 700 MHz ne permettra pas de bénéficier « de toutes les promesses de la 5G ». Impossible, affirme-t-il, d’offrir un vrai service haut débit avec ces fréquences.
La densification des réseaux 5G dans les cœurs de villes et les zones les plus urbanisées, généralement très rentables pour les opérateurs, sera certainement une priorité pour les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. En revanche, le cabinet s’interroge pour les territoires péri-urbains et les zones rurales, moins rentables. Pour acquérir des fréquences 3,5 GHz, les opérateurs devront s’engager à ce que, en 2024 et 2025, 25 % du nombre de sites 5G déployés se situent en zone rurale. Mais ils n’ont pour autant aucunement l’obligation d’y déployer de nouveaux sites. Ce qui sera pourtant un impératif pour offrir une couverture 5G de qualité, d’après Tactis.
Le risque ? Une nouvelle fracture numérique entre les villes et les campagnes. Ces dernières pourraient se retrouver, durablement, avec des réseaux 5G inexistants ou de piètre qualité. Pour densifier davantage les réseaux, la solution pourrait venir d’une plus forte mutualisation des infrastructures mobiles.
Les opérateurs y songent déjà. Dans un entretien aux Echos, Stéphane Richard, PDG d’Orange, a jugé que « la question d’une mutualisation poussée se pose. […] Orange a signé (des accords en ce sens) en Espagne, en Pologne ou en Belgique. En France, certains de nos concurrents partagent déjà largement leurs réseaux ; nous y réfléchissons également ». Les grandes manœuvres pourraient commencer dès cette année, lorsque les fréquences 5G auront été attribuées.
Source : La Tribune