Suivi de l’épuisement des adresses IPv4
Utilisé depuis 1983, l’Internet Protocol version 4 (IPv4) permet à Internet de fonctionner : chaque terminal sur le réseau (ordinateur, téléphone, serveur, etc.) est adressable par une adresse IPv4. Ce protocole offre un espace d’adressage de près de 4,3 milliards d’adresses IPv4. Mais le succès d’Internet, la diversité des usages et la multiplication des objets connectés ont comme conséquence directe l’épuisement progressif de ces adresses. À fin juin 2018, les quatre opérateurs français majeurs (Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR) avaient déjà affecté entre 88 % et 99 % des adresses IPv4 qu’ils possèdent.
Il reste seulement 2,856 millions d’IPv4 publiques disponibles au RIPE NCC au 23 juillet 2019.
Deux scénarios sont dorénavant envisageables :
- 1 : attribution de 1024 adresses IPv4 par LIR jusqu’à épuisement.
- 2 : attribution de 1024 adresses IPv4 par LIR jusqu’au dernier million d’adresses IPv4 disponible, puis 256 IPv4 par LIR jusqu’à épuisement.
La date la plus probable pour l’épuisement des IPv4 est le 6 mai 2020 (scénario 2).
Si la proposition 2019-02 du RIPE, permettant de limiter à 256 IPv4 par LIR (scénario 1), est rejetée ce sera le 25 décembre 2019.
Le jour de l’épuisement des IPv4 du RIPE-NCC, le prix des IPv4 sur le marché secondaire de l’achat des adresses déjà allouées devrait s’envoler en fonction de l’offre et de la demande. En effet, les acteurs qui ont trop d’adresses IPv4 peuvent les vendre à ceux qui n’en ont pas du tout ou pas assez.
Un prix élevé susceptible d’ériger une barrière à l’entrée à l’encontre des nouveaux acteurs du marché et d’augmenter le risque de voir se développer un Internet coupé en deux : IPv4 d’un côté et IPv6 de l’autre. Comme l’explique Jérémy Martin, Directeur Technique de Firstheberg.com : « avec une demande croissante pour un nombre d’IPv4 fixes, le coût de location d’une IPv4 va doubler d’ici à 2 ans ».
Pour répondre à la pénurie des adresses IPv4, des FAI ont mis en place certains mécanismes de substitution. Par exemple, les équipements Carrier-grade NAT (CGN) permettent de partager une adresse IPv4 entre plusieurs clients. Ils entraînent cependant plusieurs effets négatifs rendant complexe le maintien d’IPv4 et quasi impossible un certain nombre usages (peer-to-peer, accès à distance à des fichiers partagés sur un NAS ou à des systèmes de contrôle de maison connectée, certains jeux en réseau…).
Pour Grégory Mounier, d’Europol, cela peu aller plus loin et « porte ainsi atteinte à la vie privée de nombreuses personnes qui pourraient être citées en procédure alors même que les enquêteurs ne s’intéressent qu’à un seul suspect. Dans ce contexte, seule une transition quasi-totale à l’IPv6 peut constituer une réponse pérenne à ce problème ».
D’autre part, un opérateur achetant des adresses IPv4 à un acteur étranger prend le risque que ses clients soient pendant de nombreux mois localisés hors de France et bloque ainsi de nombreux services.
Accélérer la transition vers IPv6 est la seule solution pérenne. Seule une mutation quasi-totale peut permettre aux fournisseurs de contenus de se passer d’IPv4.
Source : Arcep