Les « petits » opérateurs s’attaquent à Orange
L'AOTA – Association des Opérateurs Télécoms Alternatifs – vient de saisir l’Arcep pour demander l’ouverture du réseau fibre d’Orange. En effet, les 47 membres de l’association se plaignent de ne pas y avoir suffisamment accès et accusent l’opérateur historique de pratiques anticoncurrentielles.
Faute de pouvoir construire eux-mêmes des réseaux très coûteux couvrant tout le territoire, les petits opérateurs doivent d’abord « emprunter » les réseaux d’Orange et de SFR. Ils louent donc des accès aux deux acteurs dominant du marché Télécom des entreprises et leur achètent, à prix de gros, de la voix ou de la data. Ils les vendent ensuite à leurs propres clients.
Mais voilà, les opérateurs alternatifs s’estiment évincés du marché des entreprises n’ayant pas pu suffisamment « se brancher » au réseau d’Orange. Avec 12,4 millions de prises, le réseau fibre de l’opérateur historique est à la fois très vaste et très capillaire. S’y raccrocher permet donc de cibler les PME avec des besoins de connectivité sur plusieurs sites ou usines disséminées sur le territoire. Ce sont précisément ces clients qui échappent aux membres de l'AOTA, plus limités géographiquement.
Un problème ancien et lié au manque de régulation sur la fibre pour les professionnels. En effet, Orange est obligé de proposer des offres de gros aux petits opérateurs voulant accéder au réseau cuivre (ADSL) mais pas sur la fibre. En 2017, Alternative Télécom avait déjà exigé davantage d’ouverture.
Cependant, il est impossible pour Orange d’ouvrir à la concurrence un réseau construit à coups de milliards d’investissements. Les petits opérateurs estiment quant à eux que l’opérateur a été favorisé par son empreinte historique sur le câble, qu’il a pu très vite convertir en fibre. Aujourd’hui, Orange contrôle environ 70 % du marché de la fibre pour les entreprises.
De son côté, l’Autorité de la concurrence a choisi de réguler ce marché en faisant émerger un troisième acteur, Kosc, pour « casser » la prédominance d’Orange-SFR. Cet opérateur « de gros » déploie lui-même son réseau fibre qu’il loue ensuite aux petits opérateurs de l'AOTA ou d’Alternative Télécom. « Kosc, c’est un bon complément, mais c’est une solution parmi d’autres. Et de toute façon, le réseau de Kosc n’a pas la même capillarité qu’Orange » explique l’un de ces petits opérateurs. La balle est donc maintenant dans le camp de l’Arcep.
Source : Les Echos